Docteure
AKHAYAD Loubna
Docteure
en sciences économiques et de gestion Université
Mohammed
Premier Oujda
Communication
intitulée:
Enseignement
supérieur et pédagogie innovante
Les pays investissent dans les systèmes
éducatifs avec la conviction que l'éducation favorise le développement. De leur
côté, les pays en développement tentent de rejoindre les rangs des pays
développés en disposant d'un large réservoir de personnes titulaires de
diplômes de l'enseignement supérieur.
A
l’ère du XXIe siècle, l’utilisation croissante de l'Internet et du Web comme
outils d'accès à l’information et de communication, les possibilités de
prestation flexible offertes par les TICE (Oliver et Short, 1996) et la
capacité de la technologie d'offrir un soutien pour des programmes éducatifs
personnalisés qui répondent aux besoins des apprenants (Kennedy et Mc Naught,
1997), ces facteurs et bien d'autres encore font peser de fortes forces sur
l'adoption des TICE dans l'éducation et les tendances contemporaines suggèrent
que nous assisterons bientôt à des changements à grande échelle dans la façon
dont l'éducation est programmée et dispensée, comme conséquence des
opportunités et du prix des TICE.
Perrenoud (1993) souligne que les
enseignants ont toujours été des « hommes de métier », des professionnels et
des personnes de métier et que la professionnalisation actuelle décrit
simplement un processus qui prend de l'ampleur lorsque, dans la profession,
l'application de règles préétablies cède la place à des stratégies guidées par
des objectifs et une éthique.
La nature de l'enseignement supérieur,
la manière dont il est dispensé et le rôle des universités dans la société et
l'économie sont en train de changer, et continueront de changer
considérablement au cours de la prochaine décennie.
Les universités se font concurrence à
l'échelle mondiale pour attirer les étudiants, les universitaires et le
financement, et seules les universités qui demeurent pertinentes et qui tirent
parti des nouvelles capacités numériques profiteront de l'ère numérique
actuelle.
Toutefois, le développement des technologies
numériques affecte depuis plusieurs années l'ensemble des structures qui
composent nos sociétés. L'éducation et plus particulièrement l'enseignement
supérieur n’échappent pas à cette règle.
L’objectif de cette communication est de
présenter, d’une part, l’enseignement supérieur et son rôle dans le
développement, d’autre part, de voir comment sont les Pratiques pédagogiques
innovantes dans l’enseignement supérieur.
Mots-clés : enseignement supérieur , développement
, établissement , innovation , recherche scientifique
1/ Enseignement supérieur et capital
humain :
La croissance économique, par son importance
en termes de création de richesses, de prospérité et d’amélioration des niveaux
de vie a été et continue d’être l’une des préoccupations majeures de la science
économique[1] .
Pour les partisans de la théorie de la
croissance endogène, le progrès technologique ne sort pas de nulle part. La
croissance peut donc être assimilée à un phénomène auto-entretenu par le biais
de 4 facteurs principaux (voir figure 5) : la technologie, le capital physique,
le capital humain et le capital public[2].
Becker (1993) dans son ouvrage, comme beaucoup
d'autres études menées depuis lors, a montré que l'éducation et la formation
sont les investissements les plus importants dans le capital humain, et que les
études secondaires et universitaires aux États-Unis augmentent considérablement
les revenus d'une personne, même après déduction des coûts directs et indirects
de la scolarité
En effet, le capital humain est un
ingrédient important de la croissance à long terme, il est un facteur essentiel
de production, par l’emploi d’une main-d’œuvre bien formée et en bonne santé.
En effet, une population en bonne santé est une population qui peut déployer
des efforts et travailler pour le développement économique, et deuxièmement,
l’amélioration des variables liées à l’éducation et à la connaissance permet
d’augmenter la capacité de création, d’absorption des nouvelles technologies et
leur utilisation.
Ceci est synonyme d’une augmentation de la
productivité. En dehors de son rôle direct comme un facteur de production, le
capital humain peut servir d'un complément aux autres facteurs et ressources
tels que le capital physique et les ressources naturelles[3]
. Cependant, l’enseignement supérieur forme une main d’œuvre hautement
qualifiée et apporte une contribution à la base de recherche et à la capacité
d’innovation dont dépend de plus en plus la compétitivité de l’économie.
L’enseignement supérieur est source de
progrès économique et social, car il contribue à la croissance économique et
peut ainsi permettre d’améliorer les systèmes nationaux de protection sociale.
Diverses études ont montré que l’enseignement supérieur développe les
compétences requises pour participer à l’économie mondiale et encourage
l’innovation, la mobilité sociale et les initiatives politiques et citoyennes
démocratiques et novatrices (2009, Banque mondiale). Les universités sont des
institutions susceptibles de promouvoir la croissance économique et la
participation de la société civile.
De nombreuses universités élaborent des stratégies
numériques spécifiques en réaction à la transition massive vers l'utilisation
des nouvelles technologies, mais n'ont pas la vision, la capacité ou
l'engagement nécessaire pour les mettre en œuvre efficacement.
2/ Le rôle de l’enseignement supérieur :
Les études universitaires constituent la fin
de la période de formation initiale qui précède l'entrée sur le marché du
travail. Ces études constituent donc un investissement différé. Lorsque les
diplômés universitaires émigrent au cours d'une durée plus ou moins longue afin
d'obtenir des titres de grade supérieur (doctorat par exemple) et une plus
grande reconnaissance sociale, les fruits de l'investissement, du point de vue
de l'Etat, lui-même font encore plus attendre (Van Tilburg 2002).
La notion du capital humain est apparue durant
les années 1960, lorsque l'idée s'est répandue que tout investissement dans
l'éducation était un investissement dans le "capital humain".
Cependant, l’investissement dans l'éducation, engendre la constitution du « stock
» de capital humain qui, à son tour, entraine la productivité du travail, et
participe à l’amélioration de l'équité, favorise l'innovation technologique et
génère un taux de rendement bien supérieur à celui du capital physique (Van
Tilburg 2002).
Ainsi, l'éducation valorise le capital
humain, ce qui stimule la croissance économique. Si les progrès sont plus
rapidement réalisés chez les personnes défavorisées, cette amélioration se
traduira par une régression de la pauvreté, une réduction des inégalités et une
amélioration de la mobilité sociale. Ainsi, sur le plan du développement
national, l'éducation est le socle de la croissance. Le facteur humain favorise
la croissance de deux manières :
·
En renforçant la capacité à absorber et à adapter les technologies
nouvelles, chose qui influence la croissance à court et moyen terme ;
·
Et en encourageant le progrès
technologique comme base d'une croissance durable à long terme (Banque mondiale
2018).
De manière générale, la préservation de la
culture par la diffusion de la connaissance, l'adaptation des jeunes aux
impératifs de la société et la transformation de cette dernière sont les trois
objectifs assignés à l’éducation (Van Tilburg 2002). Il est généralement admis
que l'accès à l'éducation est une mesure importante dans la lutte contre la
pauvreté (Mkandawire et Rodriguez, 2000).
Amartya Sen (1999) estime que la culture
générale donne aux gens la chance de se sentir indépendants, ce qui encourage
le développement social.
Le rôle de l'éducation (y compris
l'enseignement supérieur) dépend de la manière dont on perçoit sa mission :
s'agit-il d'un système, d'un processus sociétal, d'un groupe d'organisations ou
d'un groupe de personnes ayant des rôles différents ? La table ronde sur la
dimension internationale de l'enseignement supérieur - Perspectives, organisée
lors de la dernière journée de la Consultation sous la présidence du Professeur
Federico Mayor, Directeur général de l'UNESCO (United Nations Educational,
Scientific and Cultural Organization), a été principalement consacrée à une
discussion sur les modalités possibles de mise en œuvre du projet UNITWIN
(University twinning) [4] . Cette réunion a
débattu et tenté de proposer des définitions des rôles de l'enseignement
supérieur dans la société du XXIe siècle du point de vue spécifique des ONG
(organisation non gouvernementale) spécialisées dans ce domaine et actives dans
le domaine de la coopération internationale. Le point central de cette deuxième
Consultation collective était la fonction sociale de l'université, distincte de
sa fonction intellectuelle (enseignement et recherche) et de sa fonction
éducative (culture de l'esprit, transmission des idées et concepts de base).
Selon UNESCO, dans le cadre de sa
fonction sociale, l'université dispose de deux principaux canaux d'action, à
savoir :
-
La formation de spécialistes, de professionnels et d'une main-d’œuvre hautement
qualifiée pour répondre aux besoins des gouvernements, de l'industrie, des entreprises
et de toutes les branches de la société ;
- La fourniture d'une gamme de services
à une région ou une communauté spécifique qui peuvent prendre des formes très
diverses : extension des programmes pour adultes, cours de recyclage,
consultation, services techniques et artistiques et disponibilité de
compétences dans tous les domaines de compétence pour le développement
économique, politique, social, écologique et culturel de la société, et pour le
maintien de conditions sociales plus équitables[5]
.
Selon Droogleever Fortuijn, (1988), le
secteur de l'éducation est au service de l'économie, la sphère politique, le
secteur de la santé, de la vie sociale et culturelle et bien d'autres secteurs
internes de l'éducation.
3/ Pratiques pédagogiques innovantes
dans l’enseignement supérieur :
A
leur arrivée à l'université, les apprenants sont confrontés, en vertu des
divers " styles pédagogiques " auxquels ils sont confrontés, à ce que
Coulon (2005) appelle une « rupture psychopédagogique ». Le travail sur les
pratiques d'enseignement à l'université montre précisément combien il est
difficile pour les étudiants de suivre les cours. Boyer et Coridian (2002), par
exemple, notent certains points de convergence entre les différentes
interventions observées, qui restent dans la plupart des cas des « conférences
monologues » ou « monologues expressifs », devant lesquels les étudiants
rencontrent de grosses difficultés (Altet, 1994).
Cependant, ce modèle pédagogique «
traditionnel » et vraisemblablement couramment adopté par les enseignants lors
des cours magistraux, a fait l'objet de diverses critiques, dont certaines ont
été jugées " inadéquates " (Bireaud, 1990), voire " inadaptées
" (Felouzis, 2003). Pour Bireaud (1990), le modèle traditionnel qui devait
être utilisé en théorie pour assurer la reproduction de la communauté
scientifique s'est détérioré et est de moins en moins adapté. Il s'est
également efforcé de mettre en évidence les nouvelles méthodes qui pourraient
être utilisés par les enseignants, comme la pédagogie par objectifs ou la
pédagogie par projet.
Annoot et Fave-Bonnet (2004) estiment
qu'une véritable démocratisation de l'enseignement supérieur n'est possible que
si des changements pédagogiques interviennent, dans la mesure où les
enseignants ont souvent des difficultés pour appliquer les pratiques
pertinentes. Paivandi (2012) adhère d'une certaine manière à cet avis puisqu'il
considère que pour éviter l'abandon précoce, intégrer et faire parvenir à la
réussite des étudiants, l'université doit réfléchir sur la pédagogie.
En France, par exemple, Adagnikou et Paul
(2008) observent que les centres d'appui pédagogique ne sont présents que dans
un peu plus de 20% des universités françaises.
Par ailleurs, en Belgique par exemple
(Wouters, Frenay et Parmentier, 2011), d'autres travaux se concentrent sur un
autre type de système destiné à améliorer les pratiques pédagogiques dans les
universités : la mise en œuvre du « Dossier de valorisation pédagogique ».
En effet, élaboré par les professeurs tout au
long de leur parcours universitaire, et perçu de manière plutôt positive par
ceux-ci, ce système permet non seulement, selon les auteurs, de mettre en œuvre
"une forme d'évaluation de la qualité des pratiques pédagogiques de
l'enseignant", mais contribue aussi grandement à "développer une
réflexion sur ses pratiques pédagogiques chez les enseignants".
Parmi les centres de soutien en France
nous trouvons des « Structures Universitaires de Pédagogie » (SUP) dont le but
est d’abord de promouvoir les innovations pédagogiques d’assurer la formation
initiale et continue des enseignants du supérieur, ou encore de « favoriser la
valorisation de la fonction enseignante et de l’investissement pédagogique ».
Petty (2010) précise que l'apprentissage
d'une compétence spécifique nécessite que les besoins suivants soient
satisfaits :
E
(Explication). Les élèves doivent comprendre pourquoi la compétence est mise en
œuvre telle quelle, ainsi que toute information contextuelle importante.
D
(Doing-detail). Les élèves doivent découvrir précisément ce qu'on attend d'eux
et comment ils doivent le faire. Il s'agit du " détail pratique " que
les élèves apprennent le mieux souvent en se voyant " montrer comment
faire ", par exemple par une démonstration ou une étude de cas. Ceux-ci fournissent
des modèles de bonnes pratiques à copier ou à adapter, et sont utiles
précisément parce qu'ils fournissent des " détails pratiques ".
U (Utilisation). Les élèves doivent
utiliser - c'est-à-dire pratiquer - l'habileté.
C
(Vérifier et corriger). La pratique des élèves doit bien sûr être vérifiée et
corrigée par les élèves eux-mêmes, et généralement par l'enseignant.
A (aide-mémoire). Les élèves ont besoin
d'un rappel ou autre - par exemple des notes, un polycopié, un livre, du ruban
adhésif.
R. L'examen et la réutilisation des travaux
antérieurs sont nécessaires pour s'assurer que l'ancien apprentissage n'est pas
oublié.
E Évaluation. L'apprentissage doit être
testé dans des conditions réalistes, si l'apprenant et l'enseignant doivent
être confidents de l'apprentissage.
? Requêtes. Les apprenants ont toujours
besoin d'avoir l'occasion de poser des questions.
Les recherches sur les pratiques
pédagogiques montrent que le niveau de performance des élèves ne dépend pas
exclusivement de la situation familiale (conditions de vie, niveau
socioéconomique ou culturel) ou des caractéristiques de chaque élève (capacités
cognitives, motivation, parcours scolaire, acquis antérieurs, orientation). De
toute évidence, plusieurs éléments contextuels et personnels se combinent dans
des conditions particulières pour expliquer les phénomènes des problèmes
d'apprentissage et les pratiques pédagogiques efficaces (Talbot 2012).
Conclusion :
Les nouvelles technologies, outils
considérés comme une véritable révolution dans le monde académique, sont une
source de transformations dans le monde de l'éducation et de l’apprentissage.
Les activités d'enseignement et
d'apprentissage sont continuellement influencées par leur développement. Leur
intégration est parfois partielle et parfois plus poussée. Il est possible
d'intégrer les technologies de l'information et de la communication (TIC) dans
l'environnement universitaire de trois façons principales. Premièrement,
l'enseignant peut se servir de la technologie comme un outil pour son
enseignement. Deuxièmement, il peut être hybride, ce qui signifie que certains
cours auront lieu dans une salle de classe et que d'autres se suivront
virtuellement. Enfin, l'enseignement peut être entièrement en ligne.
L’enseignement à distance est une
approche pédagogique qui permet d'éliminer les limites de temps et d'espace de
chaque établissement d'enseignement. Par enseignement en ligne, on entend « les
apprenants ont accès à un apprentissage à tout moment, en tout lieu et en
dehors de l'établissement scolaire, par des moyens et outils électroniques qui
sont accessibles à distance ». Il permet aux apprenants d’accéder à
l'information et au savoir d’une façon permanente et en temps réel.
[1] Comme le témoigne le nombre impressionnant d’études,
d’articles et de livres publiés sur le sujet.
[2] Le modèle de Solow fût enrichi en y intégrant la notion
d’investissement en capital humain.
[3] Le développement de la recherche et développement et le processus
d’innovation, facteur central dans ces modèles dépend ou peut être influencé
par les politiques publiques (incitations fiscales, protection des droits de
propriété intellectuelle fourniture d’infrastructure de services, etc.)
[4] Le Programme UNITWIN de l’UNESCO encourage la coopération
internationale et la création de réseaux entre les universités.
[5] https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000116345 ; Conférence :
Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur au XXIe siècle : Vision et
actions, Paris, 1998
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